LES CELLULES DE L'IMMUNITÉ


LES CELLULES DE L'IMMUNITÉ
Plusieurs types cellulaires participent au développement des réactions immunitaires spécifiques :
les lymphocytes,
les cellules présentatrices d'antigène
I - les lymphocytes
Les lymphocytes sont présents dans le sang, la lymphe et dans tous les organes lymphoïdes.
Dans le sang, les lymphocytes représentent 20 à 40 % des leucocytes.
Deux types principaux de lymphocytes coexistent : les lymphocytes T et les lymphocytes B. Ils ont le même aspect en microscopie optique (et la "formule leucocytaire" ne les distingue pas).
Pour distinguer les différentes populations lymphocytaires, on révèle des protéines membranaires CD caractéristiques.
Les lymphocytes T et B doivent leur nom à l'organe où se fait leur maturation :
le thymus pour les lymphocytes T.
l'équivalent humain de la bourse de Fabricius des oiseaux pour les lymphocytes B, qui est la moelle osseuse.
Les lymphocytes B et T sont les cellules effectrices de l'immunité spécifique. L'immunocompétence d'un lymphocyte dépend de la synthèse d'un récepteur membranaire capable de reconnaître spécifiquement un antigène.
Chaque lymphocyte porte un récepteur lui permettant d'identifier un motif chimique (peptidique : 8 à 15 acides aminés ou polysaccharidique : 5 à 6 sucres). Le motif de l'antigène reconnu par le récepteur s'appelle un déterminant antigénique ou épitope :
L'ensemble des récepteurs différents portés par les lymphocytes définit le répertoire immunologique d'un organisme. On estime à 107 le nombre de récepteurs différents.
Les lymphocytes B
Le récepteur pour l'antigène s'appelle le BCR (B cell receptor). C'est une immunoglobuline membranaire (Igm).
A la surface de chaque lymphocyte B on trouve environ 105 molécules de BCR. Toutes ces molécules sont identiques : chaque lymphocyte B ne synthétise qu'une seule variété d'Igm. Un lymphocyte B n'est capable de reconnaître qu'un seul épitope :
chaque molécule d'Igm possède deux sites reconnaissant spécifiquement l'épitope.
Par leur BCR, les lymphocytes B reconnaissent directement les antigènes, qu'ils soient solubles et circulants dans le milieu intérieur ou qu'ils soient particulaires (parasite, bactérie, virus ou cellule).
Un antigène possède le plus souvent plusieurs déterminants antigéniques différents (un antigène est une mosaïque d'épitopes) et sera donc reconnu par plusieurs lymphocytes B.
Par ailleurs deux antigènes différents peuvent présenter un même épitope : un même lymphocyte B peut se fixer à deux antigènes différents si ceux-ci possèdent un même épitope.
Les lymphocytes B expriment les molécules du CMH de classe I (ce sont des cellules nucléées) et les molécules CMH de classe II, ce qui en fait des cellules présentatrices d'antigènes.
Les lymphocytes B possèdent également :
des récepteurs CR (CR – complement receptor) pour le composant C3 du complément,
des récepteurs pour le fragment Fc des immunoglobulines G (RFc IgG).
les lymphocytes T
le récepteur pour l'antigène s'appelle le TCR (T cell receptor).
Les TCR sont constitués de deux chaînes polypeptidiques associées constituant un site de reconnaissance de l'épitope.
Contrairement au lymphocyte B, le récepteur du lymphocyte T ne reconnaît que des antigènes protéiques. Ceux-ci ne sont jamais natifs : les protéines doivent être découpées en peptides qui sont ensuite associés à des molécules CMH.
Les lymphocytes T expriment également à leur surface :
- la molécule CD3, étroitement associée au récepteur spécifique pour l'antigène (TCR) :
le TCR est le module de reconnaissance
CD3 est le module de transduction du signal
- la molécule CD2, est un facteur d'adhésion qui se lie au récepteur LFA3 des cellules présentatrices d'antigène. (LFA pour l</B>eucocyte function associated).
On distingue deux populations principales de lymphocytes T d'après la présence de protéines membranaires spécifiques :
les lymphocytes CD8
les lymphocytes CD4
les lymphocytes TCD8
ce sont des lymphocytes cytotoxiques (lymphocytes Tc).

Ils reconnaissent l'antigène présenté par une molécule CMH de classe I. Les antigènes présentés sont des antigènes endogènes, produits par la cellule. La reconnaissance est le premier signal d'activation. Un second signal permet l'expression du pouvoir cytotoxique du lymphocyte Tc.

- les lymphocytes TCD4
ce sont des lymphocytes helpers (lymphocytes Th)
Les lymphocytes Th reconnaissent l'antigène si celui-ci leur est présenté par une molécule CMH de classe II. Les antigènes présentés sont des antigènes exogènes qui ont été endocytés par certaines cellules : les cellules présentatrices d'antigènes.
Ils ont pour rôle d'activer des cellules de la réaction immunitaire : les macrophages, les lymphocytes B mais aussi les lymphocytes Tc.
Cette fonction leur a donné leur nom : lymphocytes T helpers ou T auxiliaires.
Selon l'environnement dans lequel ils se trouvent, les lymphocytes Th se différencient soit en lymphocytes Th1 soit en lymphocytes Th2 :
les lymphocytes Th1 orientent la réponse immunitaire vers l'immunité à médiation cellulaire (lymphocytes Tc),
les lymphocytes Th2 orientent la réponse immunitaire vers l'immunité à médiation humorale (production d'anticorps).
les lymphocytes ni T ni B
Les lymphocytes ni T ni B sont des lymphocytes ne portant aucun des marqueurs B ou T.
Les cellules dénommées cellules NK (pour Natural Killer) ont été qualifiées de cellules tueuses naturelles parce qu'elles exercent un effet cytotoxique direct sur les cellules anormales : cellules infectées par des virus ou cellules cancéreuses. Un récepteur membranaire détecte l'absence de molécules CMH de classe I à la surface des cellules cibles.
Les cellules NK expriment également des récepteurs pour le fragment Fc des IgG(RFc Ig) : des anticorps reconnaissent un antigène fixé sur la cellule-cible, permettant la fixation de la cellule NK et son activité cytotoxique : c'est la cytotoxicité cellulaire anticorps dépendante ou ADCC (pour antibody-d</B>ependant cell cytotoxicity).


II - Les cellules présentatrices d'antigène
Toutes les cellules nucléées de l'organisme, exprimant les molécules CMH classe I, sont aptes à présenter l'antigène aux lymphocytes cytotoxiques (Tc). Ce ne sont pas, stricto sensu, des CPA mais des cellules cibles puisque la reconnaissance est la première étape de leur destruction.
Les cellules présentatrices d'antigène (CPA) sont des cellules diverses qui ont en commun la faculté d'exprimer les molécules CMH de classe II.
Ces cellules peuvent endocyter les antigènes protéiques exogènes, les découper en peptides, les associer aux molécules CMH de classe II.
L'ensemble migre vers la membrane cytoplasmique pour être présenté aux lymphocytes T auxiliaires ou T-helper (Th).
La plupart des CPA expriment également sur leur membrane des molécules d'adhésion (ICAM pour I</B>nter c</B>ellular adhesion molecule) ou LFA3 (l</B>ymphocyte function associated).
Les principales cellules présentatrices d'antigène sont :
le système des phagocytes mononucléés, comprenant les monocytes (c'est la forme circulante) et les macrophages (c'est la forme tissulaire). Les macrophages tissulaires adoptent des morphologies spécifiques de l'organe où ils ont élu domicile : les histiocytes du tissu conjonctif, les cellules de Kupffer du foie, les macrophages alvéolaires du poumon, les astrocytes du système nerveux central.
les cellules dendritiques présentes dans les zones T des tissus lymphoïdes : les cellules de Langerhans de la peau captent l'antigène et le transportent par voie lymphatique vers les zones T des tissus lymphoïdes où elles se différencient en cellules dendritiques.
Les lymphocytes B captent l'antigène par le récepteur BCR.
Les cellules dendritiques folliculaires des ganglions lymphatiques et de la rate possèdent des récepteurs pour le fragment Fc des IgG (RFc Igg ) ou pour le fragment C3 du complément (RC). Grâce à ces récepteurs, elles peuvent fixer les complexes antigène-anticorps et présenter l'antigène aux lymphocytes B, renforçant ainsi la production d'anticorps et la pérennisant car ces antigènes peuvent persister plusieurs mois à la surface des cellules dendritiques folliculaires.
des cellules endothéliales ou épithéliales qui, après stimulation par l'interféron g , expriment les molécules CMH de classe II.


lII - l'activation des lymphocytes
la transformation lymphoblastique
L'activation des lymphocytes dépend d'abord de la reconnaissance simultanée de l'antigène et de la molécule du CMH de classe I ou de classe II :
molécules de classe I + peptide endogène reconnus par les lymphocytes T cytotoxiques,
molécules de classe II + peptide exogène reconnus par les lymphocytes T- helpers.
La reconnaissance de l'antigène constitue le premier signal, mais, pour que le lymphocyte soit activé, un second signal est nécessaire : il est fourni par des molécules d'adhésion et par des cytokines.
Le lymphocyte activé est le siège de modifications morphologiques et physiologiques considérables :
augmentation de taille, dispersion de la chromatine, apparition de nucléoles, augmentation importante du nombre des ribosomes et d'autres organelles intracytoplasmiques (Golgi - mitochondries), apparition de lysosomes et de vacuoles de pinocytose, passage de la phase G1 à la phase S : on désigne volontiers cette cellule transformée sous le nom de lymphoblaste ou immunoblaste.
Rapidement, le lymphoblaste se divise et donne naissance à deux types de lymphocytes qui ont acquis des propriétés nouvelles : ce sont les lymphocytes effecteurs et les lymphocytes mémoire.
Les lymphocytes B effecteurs se transforment en plasmocytes qui vont produire les anticorps c'est à dire la forme soluble du BCR exprimé par le lymphocyte B activé.
Les lymphocytes T effecteurs synthétisent des facteurs solubles appelés cytokines et deviennent les acteurs de l'immunité à médiation cellulaire.
Les lymphocytes mémoire :
un nouveau contact avec l'antigène entraîne une réponse dite secondaire. Les cellules mémoire sont immédiatement activées : les lymphocytes effecteurs sont plus nombreux, la réponse secondaire est donc plus rapide, plus intense que la réponse primaire. Elle sera également plus spécifique grâce à une sélection des lymphocytes possédant des récepteurs de haute affinité pour l'antigène.
La transformation lymphoblastique peut être obtenue in vitro par l'action d'autres agents que l'antigène (c'est donc une activation non spécifique) en particulier :
des lectines : phytohémagglutinine, concanavaline A, pokeweed
certains produits bactériens : endotoxines